Après le livre de M. Tétart & P. Carré sur « Les APP et l’autoformation en acte » (2003), celui de M. Poncin sur le « e-Learning efficient » (2019), le livre de P. Carré sur « L’Apprenance » (2020), et le celui de F. Taddéi « Et si nous » (2022), je vous propose cette nouvelle fiche de lecture . Elle est un peu particulière dans la mesure où je fais partie du collectif rédactionnel (que je salue ici), coordonné par Marie Christine Llorca ; belle aventure ! Il s’agit donc d’un avertissement au lecteur de la fiche de lecture incitant à devenir lecteur de ce livre !
Tout est dans le titre ! Le pluriel marque bien la volonté du collectif de sortir d’une approche souvent réductrice ramenant la multimodalité à une oscillation entre présence et distance structurée par, plus ou moins, de numérique intégré. La pluralité des manières d’aborder les multimodalités de nos apprentissages fait, de mon point de vue, la plus-value de ce livre. En trois parties, la multimodalité est multi-éclairée avec d’abord, le contexte sociétal et réglementaire, puis avec l’Apprenance, les neurosciences, les espaces d’apprentissage et les environnements personnels d’apprentissage (EPA), la Gestelligence, les voyages et leurs traces dont les badges, le design, la ludification, les ARL, le vécu et le théâtre, et enfin, avec le digital. Volontairement, la partie sur le numérique se situe plutôt en fin d’ouvrage, histoire de nous laisser respirer… « La mission du formateur sera d’orchestrer cette valse des multimodalités (page 22) » ; valsons pour installer durablement et réguler humainement des pédagogies actives aux profits des apprenants ; le corps et l’esprit ! Notre collectif met en valeur l’un des principes forts des pédagogues : la diversité et la complémentarité des activités formatives, autoformatives et collaboratives au service des objectifs visés : de l’alignement pédagogique !
Le sous-titre nous invite à un « Voyage dans des dispositifs apprenants ». Les multimodalités sont mises en en œuvre, à des degrés divers et variés, dans les parcours d’action de formation multimodale (pour la formation continue) et dans le cursus d’enseignement (pour la formation initiale) ; voyage croisé entre pédagogie et andragogie. L’un des rédacteurs se pose d’ailleurs la question si une différence existe toujours ? Innover consiste à intégrer des pratiques qui ont fait leur preuve dans un souci d’amélioration collective, graduelle et continue. En relevant le nom des villes et des pays cités dans cet ouvrage, oui je confirme. Nous voyageons en France, en Europe et dans le monde : Athènes, Auschwitz, Beyrouth, Budapest, Casablanca, Chicago, Belgique, Blois, Bruxelles, Copenhague, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Istanbul, Genève, Gonesse, Québec, Japon, La Réunion, Lyon, Marseille, Métis sur mer, Metz, Mons, Montbéliard, Montmartre, Montréal, Namur, Nantes, New-York, OCDE, Orléans, Paris, Portugal, Reykjavik, Rochester, Rouen, Royaume-Uni, Salford, Sénégal, Sète, Stanford, Suisse, Texas, Tijuana, Toulouse, Troie, Unesco, USA & Vienne.
Nos collègues anglosaxons nous aident aussi à voyager dans leur univers lexical : Achiever, Amazing, Back office, Behavorisme, Bibliothèque pop-up, Big idea, Bottom-up, BYOD, Card Board, Co-learning, COOC, Co-working, Culture du Slow, Design thinking, Designer, e-Book, Email, Escape Game, e-Learning, e-Teaching, Explorer, Fake news, Feed-back, Flash Card, Flexible seating, Future Classroom Lab, Game designer, Geek, Googlisation, Killer, Idea box, Leader, Learning expedition, Learning lab, Marketing, MMORPG, MOOC, New deal, Open access, Open education, Open source, Open University, Personal Learning Environment, Roof top, Serious game, SPOC, Socializer, SOOC, Smartphone, Storytelling, Team building, Team development, Top-down, T-shirt, Zoning, Zoom-breaker (Voir encadré page 172).
Apprendre est un voyage marqué par de nouvelles rencontres, entre ordre et désordre, surprise et bienveillance, plaisir et effort. Voici les miennes sous la forme de mots nouveaux : Corporéité (p 93), Empouvoirement (p 36), Feintise (p 203), Gestelligente (p 89), Masterisation (p 130), Sociodidaxie (p 35) & Stimergie (p 34).
Ce livre, édition « ESF Sciences Humaines », est une invitation illustrée à découvrir pourquoi et comment les multimodalités des apprentissages peuvent conforter nos approches pédagogiques ? Ces écrits privilégient la mise en activité plurielle et l’accompagnement valorisant des apprenants dans des écosystèmes agiles d’apprentissage plus ouverts et communautaires. Il s’agit de nous accorder, nous apprenant et appreneur, plus de liberté, de réflexivité, d’exploration, de rencontre, de doute, d’interaction, de production et de reconnaissance ; le tout, avec de l’intelligence collective et joyeuse, de préférence.
La question de la liberté de l’apprenant, et de son exercice, est présente tout au long de cet ouvrage.
Multimodalisons, voyageons, enchantons, valsons, lisons et osons !
Jean Vanderspelden – Juin 2022 – www.iapprendre.fr